jeudi 25 avril 2013

Pantalonnade à Marseille.

A Marseille on ne plaisante pas avec les acquis sociaux. La preuve, ce préavis de grève déposé par la CGT de la RTM pour une revendication pas piquée des hannetons : les pantalons proposés par les patrons de la régie sont jugés inconfortables. Les polos, ça va !

Ce débat tombe à pic au moment où on discute les accords nationaux interprofessionnels (ANI) débat qui envenime la situation entre le gouvernement et la vraie gauche. Au moment aussi où ce même gouvernement refuse toute amnistie dite sociale qui éviterait des poursuites judiciaires à des personnes  qui manifesteraient leur désaccord avec leur patron de façon un peu violente.

Cette double levée de boucliers de la gauche de la gauche est symptomatique d'un pays où les relations entre les syndicats sont des plus tendues. Une culture du syndicalisme clientéliste et dominant qui se soucie plus de la pression qu'il peut exercer sur des gouvernements que sur sa capacité à faire adhérer des travailleurs. Le taux de syndicalisation (8 %) en France en est la preuve.

Il est vrai qu'une longue et pénible séquence de droite au pouvoir avait figé toute velléité de discussion entre partenaires sociaux. Le dernier président avait même fait son cheval de bataille d'éradiquer le dialogue social et tout mouvement de la société civile. Mais le changement c'est maintenant est arrivé et les syndicats se sont retrouvés face aux patrons pour négocier des nouvelles règles. Ces règles sont le fruit d'intenses discussions que la gauche de la gauche s'empresse de dénoncer ou d'obstruer en déposant des milliers d'amendements.

Pourtant il faudra bien réapprendre à discuter et négocier. Il faudrait arrêter d'être dans l'opposition confortable et l'indignation facile.

C'est bien là le cœur du problème de la pantalonnade marseillaise quoique avec les méridionaux, nous soyons habitués à l’exagération. Il n'en demeure pas moins qu'en France, les syndicats sont tellement faibles qu'ils sont en permanence dans la recherche du coup d'éclat pour montrer qu'ils ont du poids. On cogne d'abord pour arriver plus forts autour de la table. Méthode déjà exploitée jusqu'à l'os par le précédent président, hélas avec le résultat qu'on connaît.

Moi je n'ai rien contre la colère quand elle est saine. C'est pour cela qu'amnistier des honnêtes gens qui sur un coup de tête auraient pu casser un peu de mobilier bas de gamme dans un bureau qui sent les pieds,  serait naturel. Pas besoin de loi pour cela. Mais amnistier de façon institutionnelle et systématique,  fermer les yeux sur la violence sous prétexte qu'elle est syndicale, je dis non. Je suis profondément contre toute forme de violence car aucune n'est justifiée à mes yeux ( à part celle qui consiste à répondre au connard de merde qui m'insulte sans raison ) Plus tard, n'importe quel groupuscule réuni en syndicat bidon se sentirait autorisé à manifester sa colère sur n'importe qui et n'importe quoi. C'est la porte ouverte.

Les marseillais et leur sens de l'exagération ont essayé de nous faire croire qu'un sardine avait bloqué le port tellement elle était grosse, il nous font le même coup avec leur service trois pièces. Quelle bande de fanfarons !


8 commentaires:

  1. Oh ! Tu sais ce qu'elle te dit la sardine !!!
    :)

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  2. Pas facile à porter le "poutre apparente".

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  3. Comparé au poids des partis politiques, le poids des organisations syndicales n'a pas à rougir.

    Réapprendre à négocier ? On en reparlera de l’efficacité de l'ANI...

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    1. Tout le monde sait qu'en France le poids des organisations syndicales est disproportionné par rapport aux travailleurs syndiqués. Il faut cesser de se leurrer.
      Quant à l'efficacité de l'ANI, je n'en ai aucune idée, je dis juste que c'est le résultat de négociations d'acteurs de la société civile. Juste pas juste, efficace pas efficace, représentatif pas représentatif, je laisse la boule de cristal et le jugement aux autres.

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  4. Je suis d'accord avec toi sur le fond. Mais il arrive parfois que les gens, lassés et fatigués par des semaines de lutte, en soient réduits à céder à la violence. Plein de paramètres entre en ligne de compte. La tension, le stress, la déception, la peur aussi qui s'ajoutent à l'effet de groupe... Je précise que je n'ai pas vraiment suivi ce qui s'est passé à Marseille qui semble évidemment moins dramatique. Je me souviens du geste de ras le bol de Xavier Mathieu quand il a appris que Continental ne serait pas repris. Il a renversé de rage un ordinateur. Sans s'en rendre compte, il a donné le signal du saccage de la préfecture. Et pourtant, Xavier Mathieu n'est certainement pas un mauvais bougre et encore moins de la graine de délinquant. Juste un travailleur qui voulait encore travailler dans son usine.

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    1. Gabale, je ne dis rien d'autre. Je pense que c'est des honnêtes gens. Il est logique que la justice puisse faire preuve de mansuétude à leur égard. Ma crainte irait dans la mise en place d'un cadre juridique qui ouvrirait la porte à tous les abus. Rien ne justifie la violence.

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